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Le mot de Jean Arèse
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Née en 1840, la philharmonique La Seynoise est la plus ancienne
association de La Seyne et l’une des trois plus anciennes
philharmoniques de France.
Son but est de faire de la musique et de propager
cet art par l’étude et l’exécution
d’œuvres musicales, de donner des concerts publics pour
l’agrément de la population, ainsi que de prêter son
concours aux cérémonies patriotiques et à des
œuvres humanitaires. Forte d’une cinquantaine de musiciens
talentueux, son répertoire, particulièrement
varié, permet d’atteindre tous les publics : de la musique
classique à la variété populaire, en passant par
les musiques de films et les compositeurs contemporains.
Tous ses membres sont volontaires et
entièrement bénévoles. Leur seul salaire : les
applaudissement du public. Dans une société où
l’argent est omniprésent, cette attitude revêt une
certaine noblesse.
Une première édition de la longue
l’histoire de la philharmonique La
Seynoise avait été écrite en 1984 par
l’un de ses présidents d’honneur, Monsieur Marius
Autran.
Qui était Marius Autran ?
Né le 2 Décembre 1910 à La
Seyne-sur-Mer, Marius Autran y vécut presque toute sa vie. Il y
fut écolier, enseignant, résistant, conseiller municipal
après la guerre, puis adjoint au maire de 1959 à 1977.
À 70 ans, retraité de l'école
publique et de la municipalité, il devient en quelque sorte
écrivain local « pour
partager les souvenirs qui faisaient de lui un témoin
privilégié de la vie à La Seyne-sur-Mer durant
presque tout le XXe siècle ». Et « non pas pour satisfaire un désir
d’ostentation, mais, pour sauver de l'oubli un peu de cette
mémoire collective sur laquelle repose notre conscience
d'être Seynois ».
Ainsi, en une vingtaine d’années,
Marius Autran a publié 10 ouvrages :
- En 1982, une Histoire de
l’Ecole Martini, avec en annexe une Histoire de L’Enseignement à
La Seyne de 1789 à 1980.
- En 1984, l’Histoire de la
Philharmonique Le Seynoise : Cent cinquante ans d’art musical
à La Seyne.
- Puis, entre 1987 et 2001, huit tomes d’une série
intitulée Images de la vie
seynoise d’antan et dont le sous-titre est : «
Récits - Portraits - Souvenirs ».
Marius Autran et l’art musical
Dès son enfance, Marius Autran fut
initié à la musique, notamment grâce à ses
grands-parents, Marius Aubert et Joséphine Hermitte,
eux-mêmes passionnés d’opéra et
abonnés au Théâtre de Toulon auxquels ils
emmenèrent très souvent leur petit-fils dès les
années 1920.
Entré à l’École Normale
d’Instituteurs de Draguignan en 1928, Marius Autran apprit le
solfège et le chant, suffisamment pour les enseigner à
son tour à ses élèves des classes primaires, comme
tous les instituteurs et institutrices de la IIIe République
savaient alors le faire. A l’Ecole Normale, il apprit aussi
à jouer du violon et, par la suite, il prendra beaucoup de
plaisir à déchiffrer des partitions et à jouer de
la mandoline, instrument qu’il maîtrisait assez bien.
Son amour pour la musique était passionnel.
On le voyait ressentir beaucoup d’émotion à
l’écoute des grands morceaux de musique classique. Et
combien de fois avons-nous vu des larmes s’écouler sur son
visage à l’écoute de certains passages de Faust, de La Bohème, ou de Nabucco ! Malgré ses
nombreuses activités, il trouvera toujours le temps
d’écouter les concerts des musiques locales, ou de FR3,
ainsi que disques ou cassettes.
Proche collaborateur de Toussaint Merle dans les
municipalités de l’après-guerre, il fut de ceux qui
intervinrent en faveur de ma nomination comme Chef de Musique de La Seynoise en 1958, à la
suite de Félix Sauvaire, alors que je n’avais que 22 ans.
Quelques années plus tard, en date du 1er
janvier 1966, la municipalité Toussaint Merle, notamment sous
l’impulsion de Jean Passaglia, d’Alex Peiré et de
Marius Autran, autorisa la création d’une École Municipale de Musique,
dont je fus, au début, l’unique professeur, et le
directeur, fonction que j’allais avoir le plaisir et
l’honneur d’assumer pendant 34 ans, jusqu’en
l’an 2000. Cette structure s’étoffa rapidement pour
passer de 1 professeur et 100 élèves en 1967 à 17
professeurs et jusqu’à 300 élèves quelques
années plus tard.
Marius Autran était particulièrement
fier de cette création et de ses jeunes élèves. Et
il disait souvent « mes petits » en montrant les photos des
auditions des enfants de l’Ecole ou les pochettes des disques qui
avaient été enregistrés.
Grand ami d’Alex Peiré
(Président de La Seynoise
de 1968 à 1974) et d’Étienne Jouvenceau
(Président de 1974 à 1992), c’est tout
naturellement que Marius Autran, ayant tourné la page de la vie
professionnelle et de l’action municipale, se rapprocha de La Seynoise pour en devenir
vice-président en 1983. On le verra alors très
régulièrement assister aux concerts de Printemps,
d’Été, de Sainte-Cécile, ainsi qu’au
repas amical à la salle Marius Aillaud.
Ayant commencé à se pencher sur
l’histoire de La Seyne, avec la parution, en 1982, de son «
Histoire de l’Ecole Martini », notre nouvel «
historien local », cet « esprit humaniste », «
légende vivante », « conteur-né »,
« remarquable pédagogue », va, pour son second
ouvrage, choisir naturellement La
Seynoise.
En seulement quelques semaines, et grâce aux
archives parfaitement conservées de La Seynoise, Marius Autran va
immortaliser notre philharmonique sous la forme d’un magnifique
ouvrage. Aujourd’hui, notre Seynoise
est l’une des très rares philharmoniques de France
à avoir un livre qui conte son histoire.
Mais l’ouvrage ne fait pas que résumer
150 ans d’art musical à La Seyne. Il ne fait pas que
rendre hommage au peuple seynois et à ses musiciens. Il est
aussi un vibrant plaidoyer en faveur de l’apprentissage de la
musique, cette « école de discipline », cet art
merveilleux qui crée chez les hommes une « émotion
indéfinissable dont le moteur est inconnu » et dont la
pratique est à l’origine de l’amitié entre
les gens : « Où il y a de la musique, il ne peut rien y
avoir de diabolique ! ».
Ce livre fut très largement diffusé.
Les bénéfices de ses ventes furent reversés au
profit de la philharmonique et de l’entretien de son local
historique, la salle Marius Aillaud, rue Gounod. Ces dernières
années, les derniers exemplaires furent offerts en cadeau aux
jeunes musiciens et aux chanteurs invités aux concerts.
En 1992, lors du départ du Président
Etienne Jouvenceau, Marius Autran devient Président
d’honneur de la philharmonique.
Tant qu’il put se déplacer,
jusqu’à l’âge de 95 ans, Marius Autran ne
manquera jamais un seul concert de La
Seynoise.
Son seul grand regret était de n’avoir
vu aucun de ses descendants (il eut un fils et cinq petits-fils)
devenir musicien et faire partie un jour de sa chère
Philharmonique. Ce n’est en effet qu’en 2009 que le dernier
de ses petits-fils, Jean-Victor, entra en première année
du Conservatoire, classe de saxophone.
Mais Marius Autran ne le vit malheureusement pas,
car il s’éteignit le 20 janvier 2007, à
l’aube de ses 97 ans.
Le 24 janvier 2007, jour des obsèques de
Marius Autran, le froid sévissait non seulement par la
température ambiante - ce fut le jour le plus froid de
l’hiver - mais aussi et surtout dans le cœur de ses proches
et amis. La Seynoise lui rendit un dernier hommage en
interprétant un andante
de Gounod et le Chœur des
esclaves, extrait de Nabucco
de Verdi, un morceau auquel Marius Autran était
extrêmement sensible.
Quelques mois plus tard, La Seynoise proposa à
Jean-Claude Autran, fils de Marius, de lui succéder comme
Président d’honneur, ce qui fut validé lors de
l’Assemblée Générale de Janvier 2008.
Jean-Claude Autran
Jean-Claude Autran, né à
Méounes-les-Montrieux le 24 mai 1944, grandit et fit ses
études à La Seyne jusqu’en 1962, puis à
Marseille jusqu’en 1965. Comme son père, il fut aussi
passionné de musique classique et d’opéras,
particulièrement grâce à l’amitié
qu’il entretenait avec l’ancien baryton Jean Ravoux et son
fils Michel. Mais Jean-Claude fut ensuite longtemps absent de La Seyne
pour raisons professionnelles (il fut chercheur scientifique et
exerça successivement à Paris, San Francisco, et enfin
Montpellier où il passa 27 ans, jusqu’à son
départ à la retraite en juin 2004).
N’ayant donc jamais été actif
à La Seynoise,
Jean-Claude ne considérait pas avoir mérité
d’en devenir Président d’honneur. Il l’accepta
cependant, tout en promettant de s’impliquer de façon
significative dans la vie de notre Philharmonique. Je dois dire que
c’est un honneur pour La
Seynoise de compter désormais parmi ses membres un
Monsieur qui possède le diplôme de docteur
ès-sciences.
Jean-Claude commença par la création
et la gestion d’un site internet officiel pour La Seynoise. Ce site http://seynoise.free.fr est devenu
opérationnel depuis janvier 2009 et fournit de nombreuses
informations, régulièrement mises à jour, sur les
musiciens, les actualités de la philharmonique, le calendrier
des manifestations, les photos et les comptes-rendus de presse des
anciens concerts.
Ensuite, considérant que la première
édition de l’Histoire de
la philharmonique La Seynoise, écrite 25 ans auparavant
par Marius Autran, était épuisée en librairie mais
qu’elle était toujours recherchée par de nombreux
Seynois et de nombreux musiciens, Jean-Claude proposa de
rééditer l’ouvrage de son père, en
complétant l’histoire de notre Philharmonique pour la
période 1984-2010.
La première édition avait
été préfacée en 1984 par Etienne
Jouvenceau, président de La
Seynoise à l’époque. Cette nouvelle
édition est préfacée par notre ami Henri Tisot,
Seynois d’origine, devenu comédien, humoriste, acteur de
théâtre et de cinéma, puis écrivain.
La réactualisation du livre par Jean-Claude
Autran a consisté en l’ajout de pages racontant
l’histoire de La Seynoise au cours de la dernière
période de la présidence d’Étienne Jouvenceau
(chapitre 10), et en la création d’un chapitre 11 pour la
période correspondant à ma propre présidence,
à partir de l’année 1992. Les conclusions et les
perspectives de l’ouvrage, ainsi que ses annexes ont
été naturellement remaniées, et de nouvelles
illustrations ont été présentées, notamment
des photos des récents concerts de notre Philharmonique.
C’est ce nouvel ouvrage qui est
présenté aujourd’hui aux lecteurs, musiciens et
non-musiciens, pour l’année du 170e anniversaire de notre
Philharmonique et également du 100e anniversaire de la naissance
de Marius Autran.
Ajoutons pour terminer que, dans la perspective de
ce double anniversaire, notre ami Jean-Claude Autran viens de nous
soumettre une idée - qui aurait sans doute fait un immense
plaisir à son père. Jean-Claude nous propose en effet, de
financer personnellement une Bourse Marius Autran, destinée,
soit à aider La Seynoise, soit à récompenser
directement l’un de ses musiciens, choisi parmi les plus
méritants, talentueux et assidus, particulièrement ceux
issus d’un milieu modeste. Ainsi, chaque année, à
compter de 2010, à l’occasion du concert de
Sainte-Cécile, le montant de cette Bourse pourra contribuer, par
exemple, à l’achat d’un nouvel instrument. Un grand
merci à Jean-Claude pour cette belle initiative.
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