|
|
|
J'aimerais, dans cette présentation de la nouvelle œuvre
de mon ami Marius Autran, qu'on me permette d'évoquer
brièvement un souvenir d'enfance.
Vers mes
huit ou neuf ans, alors qu'à l'occasion de je ne sais plus
quelle fête, nous écoutions, de la maison de mes parents,
un défilé bruyant de cliques et de sociétés
musicales, mon grand-père (un vieux Seynois qui travailla toute
sa vie aux Chantiers navals) s'écria tout à coup :
« Ah ! celle-là, c'est « La Seynoise ». Je reconnais bien la cohésion de l'ensemble et la finesse de l'exécution ! ». Vérification faite, il ne s'était pas trompé.
On peut donc affirmer que la Philharmonique La Seynoise
était bien connue et que ses qualités ne faisaient aucun
doute. C'était une phalange qui s'était
intégrée à la vie de la Cité, qui marquait
de son empreinte toutes les réjouissances publiques. Et aussi
bien dans les défilés, comme je l'ai dit plus haut, que
dans les concerts qu'elle donnait régulièrement dans la
salle de l’Eden-Théâtre ou sous le kiosque à
musique de la Place Ledru-Rollin dans la douceur des soirs
d'été.
Cette
réputation remontait à bien des années auparavant.
Après la création de la Société, et
après des vicissitudes dues aux contextes politiques de
l'époque, de très habiles présidents et des chefs
de musique prestigieux (vous en lirez l'histoire dans les pages qui
suivent) avaient su donner un essor considérable à cette
formation inégalable. Le grand nombre de sociétaires et
d'exécutants, les cours pour les jeunes très
fréquentés, les brillantes récompenses obtenues
dans des concours difficiles, les sorties en familles organisées
aux beaux jours et mobilisant des foules en voitures à chevaux
d'abord, en cars ensuite, sont là pour en porter
témoignage. La Seynoise était, vraiment, l'un des pouls de la localité.
Il
était donc juste, je crois, de la faire revivre, par le
récit, depuis sa présentation sur les fonts baptismaux.
Et nous devons rendre grâce à l'ami Marius Autran, de
s'être penché sur ce problème, avec l'esprit de
recherche et le talent qui le caractérisent. Après l'Histoire de l'École Martini,
que beaucoup de Seynois ont entre les mains, et qui a relaté les
fastes de l'établissement scolaire dans lequel beaucoup d'entre
nous ont vécu leur enfance, la nouvelle œuvre qu'il nous
propose là est aussi bien écrite, aussi exactement
documentée aussi généreusement illustrée,
en un mot, aussi véritablement attachante. Marius Autran a-t-il
été guidé par la réflexion
désabusée de je ne sais plus quel historien : «
Tout homme qui meurt est une bibliothèque qui brûle
» ? Grâce à lui, La Seynoise
ne sombrera pas dans l'oubli. Vous, qui avez acheté ce livre,
vous avez montré qu'une Société Musicale dont le
passé fut si brillant, fait partie du patrimoine local au
même titre que les vieux immeubles à millésimes de
la rue Denfert-Rochereau, les platanes séculaires du cours
Louis-Blanc ou les monuments récents nés des avatars de
la Cité. La poignée de bénévoles qui
s'efforcent d'en maintenir le flambeau le plus haut possible, qui
appellent de tous leurs vœux, depuis la création de
l'École Municipale de Musique, une deuxième jeunesse, qui
voudraient voir renaître le Phénix de ses cendres, ne
remercieront jamais assez l'ami Autran, et vous tous, d'y avoir
contribué.
Étienne Jouvenceau
Retour au Sommaire de l'Histoire de La Seynoise
Retour
à la page d'accueil du site de La
Seynoise
Accès au site de Marius AUTRAN
![]() |
|
![]() |