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Le choix d'Alex Peiré s'était porté sur un Seynois, un instituteur dont l'audience dans la population était considérable. Conseiller municipal depuis longtemps, il avait fait ses preuves comme citoyen dévoué, tant par ses activités au sein du Conseil municipal que dans les associations qu'il animait.
C'est ainsi qu'Étienne Jouvenceau que l'on appelait familièrement Étienne ou même Tienne, après avoir été appelé à la vice-présidence par Alex Peiré, devint le seizième Président de La Seynoise. Son élection ne donna lieu à aucune discussion tant elle paraissait dans la pure logique des choses. Ainsi, le lien avec la Municipalité continua d'être assuré comme précédemment et les membres de la Philharmonique purent compter sur le soutien effectif de leur nouveau Président.
Composition de la Philharmonique en 1975
Au cours de la réunion du 19 janvier 1975 où Étienne Jouvenceau fut élu Président, une autre décision fut prise, celle de nommer Marius Guinchard qui, malade, ne put assister aux débats, Président d'Honneur à vie.
Le Bureau fut sensiblement modifié. Il se composa dès lors de la façon suivante :
Ainsi remanié, l'appareil de direction allait se mettre au travail pour que La Seynoise poursuive son redressement et assure honorablement la continuité dans la défense de l'Art musical, œuvre entreprise voilà cent trente-cinq ans à cette époque.
À la même époque, la Philharmonique comptait 41 musiciens (38 hommes et 3 femmes) dont voici la liste.
ARÈSE Jean DESTREMAU Pierre PAPAZIAN Michèle CLÉMENT Victor BIADELLI Alain CANTONI Evelyne BARONI Annie ALLIBERT Victor NIVIÈRE Léon CARREL Pierre LE SAINT Maurice CHAPOTON Bernard GALLAIS Jean DAVID Guy DAVIDE Claude GAY Raymond BENET Georges PANTIN Paul PAILLÉ Robert VOILLEQUEZ René GILARDI Désiré JOLIT Paul GARBOLINO René GUIGOU André DOLANDE Paul DENOS Georges ARNAUD Jacques POIREL José-Pierre CATUREGLI Émile NEGRO Ange CAYOL Casimir BLANC Teilly AIGUIER René PAILLER Jacques CATTIAUX Louis FASCETTI Lucien VALLON Henri GUEILLET Jean JOSSET Joseph LOUPE Auguste JACQUES Roger GEORGES Marcel |
Chef de Musique Flûte Flûte Clarinette Clarinette Clarinette Clarinette Clarinette Clarinette Clarinette Clarinette Clarinette Clarinette Clarinette Clarinette Basson et Saxophone Saxophone alto Saxophone alto Saxophone alto Saxophone alto Saxophone baryton Saxophone soprano Saxophone ténor Cor Cor Cor Trompette Trompette Trompette Trombone Trombone Trombone Trombone Trombone Trombone Baryton Basse Basse Basse Contrebasse à cordes Percussion Timbales |
Directeur École de Musique Professeur de Musique Étudiante Professeur de Musique Étudiant Sans profession Agent des Finances Retraité Retraité Retraité Agent P.T.T. Étudiant Employé Agent E.D.F. Représentant Professeur de Musique Étudiant Plombier Retraité Professeur de Mathématiques Retraité Retraité Technicien C.N.I.M. Professeur de Musique Retraité Employé d’État Professeur de Musique Chef d’équipe C.E.M. Marin d’État Retraité Retraité Retraité Marin d’État Marin d’État Marin d’État Électricien Retraité Retraité Retraité Retraité Marin d’État Retraité |
On remarque que La Seynoise
ne comportait à l’époque que 3 musiciennes
(d’ailleurs toutes très jeunes : entre 17 et 22 ans), ce
qui était néanmoins un premier progrès puisque la
Philharmonique fut exclusivement masculine pendant plus de 120 ans ! On
note aussi, à cette époque, l’absence de hautbois
(si l’on ne compte pas Jean Arèse, Chef de Musique,
précédemment hautboïste). Enfin, bien que nous
n’ayons pas voulu indiquer les âges individuels des
musiciens, il a été possible de calculer que la moyenne
d’âge était d’environ 51 ans, les quelques
moins de 30 ans se retrouvant presque tous aux pupitres des
flûtes et des clarinettes, tandis que c’étaient les
3 vétérans (plus de 70 ans) qui occupaient celui des
basses.
Descendant d'une vieille famille seynoise, originaire de Saint-Mandrier (hameau qui n'est distinct de La Seyne que depuis 1950), Étienne Jouvenceau a été élu Président de La Seynoise en janvier 1975, à la suite de la mort d'Alex Peiré.
Nous avons déjà dit que son choix n'avait suscité aucune discussion, son autorité morale, ses capacités, son aptitude à diriger une association s'étant affirmées concrètement depuis longtemps au sein d'un Conseil d'Administration qui lui accorda sa confiance la plus absolue.
Né à La Seyne le 30 juillet 1915, Étienne passa la majeure partie de son enfance rue Isnard. Il fit ses études, de 1921 à 1932 dans les vieux murs de « Martini » où il donna beaucoup de satisfaction à ses parents et à ses maîtres. Il se révéla parmi les meilleurs élèves de la classe de préparation au Concours d'entrée à l'École normale d'Instituteurs de Draguignan.
Il fut brillamment admis élève-maître en 1932 et sa promotion, Lou Mistraou, devait donner des instituteurs d'élite.
Nanti de son Brevet supérieur et de son C.A.P., il commença sa carrière d'Enseignant à Villecroze-les-Grottes où il exerça au milieu des familles paysannes qui lui manifestaient un grand attachement pour sa courtoisie, sa simplicité et surtout la haute qualité de son savoir-faire pédagogique. C'est dans ce village du terroir varois qu'il rencontra Denise, la charmante compagne de sa vie.
Malgré tous les attraits de la vie paisible en milieu rural, l'appel de la ville natale fut le plus fort et c'est en 1946 qu'Étienne Jouvenceau revint, sur la côte, à Six-Fours, d'abord, puis à La Seyne, à l'École François-Durand, qui porte depuis le nom d'Émile-Malsert. Il y termina sa carrière, après y avoir enseigné pendant vingt-trois années.
Si l'on peut faire état de toute une vie au service de l'enfance et de la jeunesse, il faut également souligner l'activité considérable d'Étienne Jouvenceau sur le plan politique, social et culturel.
Dans les années d’après la guerre, il n’hésita pas à s’engager dans els combats politiques pour le triomphe des idées de progrès et l’idéal démocratique.
Élu Conseiller municipal en 1959, sur la liste conduite par Toussaint Merle, il œuvra pendant 24 ans au profit de sa ville natale. Il participa aux luttes les plus difficiles pour assurer le mieux-être de ses concitoyens, tout en exerçant son métier aux tâches délicates.
Retraité de l'Enseignement en 1970, il consacra alors la majeure partie de ses loisirs aux activités municipales qu’il assura avec beaucoup de dévouement, de rigueur et de compétence. Élu Adjoint au Maire en 1974, il devint Président de la Caisse des Écoles en 1977 et prit par là même en main le vaste secteur des œuvres sociales scolaires, colonies de vacances, restaurants scolaires, matériel d'enseignement, emploi de moniteurs, etc.
Dans le même temps, il devint Président de La Seynoise dans les conditions déjà évoquées.
Hormis ses fonctions municipales, Étienne Jouvenceau fut vice-président de l'Association des Amis de La Seyne ancienne et moderne depuis 1981. Amoureux du passé historique de sa ville natale, il apporta sa contribution efficace à la satisfaction des besoins culturels de ses concitoyens. Il fut ainsi un animateur de l’Office Municipal de la Culture et des Arts et on fit aussi appel à ses compétences pour animé la société Sports et Loisirs du Var. Ajoutons qu'Étienne Jouvenceau était également philatéliste, ce qui voulait dire que sa retraite était parfaitement meublée.
On lut longtemps avec plaisir ses articles signés familièrement « Tienne » dans la presse locale, les bulletins municipaux, les revues Étraves ou Le Filet du Pêcheur, et on écouta toujours avec attention ses conférences vivantes. Un tel homme avait bien sa place à la tête de La Seynoise et même de la Fédération Musicale du Var, dont il fut aussi vice-président à partir de 1982.
En mars 1983, après vingt-quatre ans de bons services comme élu municipal, il souhaita se retirer des affaires publiques, mais resta un animateur compétent et dévoué du mouvement associatif et de la vie culturelle seynoise.
Avec des hommes comme Jean Arèse et Étienne Jouvenceau, avec tous les membres chevronnés du Conseil d'Administration, La Seynoise ne pouvait que vivre et se renforcer, pour améliorer sans cesse la qualité de ses exécutants et mieux affirmer sa vitalité.
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Si, à la fin de l'année 1974, le concert de la Sainte-Cécile fut annulé en signe de deuil, les manifestations de l'année 1975 obtinrent un succès incontestable.
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Concert de la Sainte-Cécile de 1977 dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville |
Leur programme confirmait les orientations soulignées précédemment, à savoir l'exécution de morceaux de composition récente, comme Dansorama, fantaisie jazz de J. Darling ou Bugler's Holiday de Leroy Anderson ou encore Pavane pour une Infante défunte de Maurice Ravel. Ces programmes dénotaient par ailleurs le souci de mettre en valeur des compositeurs locaux, parmi lesquels des professeurs de l'École municipale de Musique ainsi que la préoccupation de plus en plus affirmée de faire participer les jeunes aux côtés des anciens.
Les efforts du nouveau président et du Chef de Musique, secondés de toute la direction, furent couronnés de succès. Musiciens mélomanes, élus municipaux, comprenaient plus que jamais la nécessaire union pour multiplier ces manifestations et les orienter pour qu'elles concernent mieux la jeunesse.
Oui ! convaincre la jeunesse de pratiquer la musique pour ressentir l'une des joies les plus pures qui s'offrent au genre humain, c'est probablement l'une des missions les plus nobles que doivent proposer les éducateurs. C'est pourquoi, parvenu au terme de notre historique, il nous a paru utile, indispensable même, de nous pencher spécialement sur l'École municipale de musique et l'éventail considérable de ses activités. Mais, avant de rappeler et de préciser son rôle, d'envisager son devenir, il nous faut rendre un dernier hommage à l'un des plus anciens fils de La Seynoise qui fut en son temps un défenseur acharné de l'Art musical et qui disparut dans cette période.
Disparition de Marius Guinchard
C'est en 1976 que Marius Guinchard dont la santé était précaire depuis plusieurs années s'éteignit dans sa petite maison près du quartier des Quatre-Moulins, non loin de la demeure du Président Aillaud, son prédécesseur disparu depuis 1944.
Dès son enfance, le Président Guinchard avait rêvé d'être musicien et jouait de la mandoline sans aucune notion de solfège. Ce fut parmi les musiciens de La Seynoise qu'il trouva ses professeurs et en 1923, il entrait au pupitre des clarinettes où il joua chaque fois que son travail terminé le lui permettait. Charpentier de Marine à l'Arsenal de Toulon, il accéda par ses qualités professionnelles au grade de Chef d'équipe à la D.C.A.N. en 1931.
Devenu à son tour un bon musicien, il enseigna à de jeunes élèves car il souhaitait lui aussi renforcer l'orchestre par l'appoint d'éléments jeunes. La vie de La Seynoise le prit alors comme un engrenage et il assura dans la Philharmonique les fonctions d'Archiviste, puis de Trésorier, puis de Secrétaire, puis de Professeur de musique, avant d'être nommé Président.
Pendant dix-sept ans, il eut cette responsabilité suprême qu'il accomplit, comme les autres, avec un scrupule parfait. Les anciens disent : « Guinchard était toujours là. On ne se souvient pas qu'il ait été absent à une réunion, à un concert ou à une sortie ».
Il fut un Président exceptionnel en ce sens qu'il dirigea l'association sans abandonner sa place d'exécutant au pupitre des clarinettes et cela dans une période ou les difficultés de tous ordres s'étaient accumulées de maintes façons. La guerre, les polémiques entre associations, les controverses avec la Municipalité d'après-guerre, tous ces problèmes épineux lui demandèrent de faire face. Il ne se déroba point, même si certaines de ses décisions nous paraissent aujourd'hui discutables, il en avait eu le courage et sa disparition fut un deuil cruel pour La Seynoise.
Un cortège imposant, Conseil d'administration en tête, l'accompagna au cimetière et lui rendit l'hommage qu'il méritait.
Mais l'œuvre qu'il laissait, ce flambeau qu'il avait pris des mains de son prédécesseur, lequel le tenait d'un autre Président, cette chaîne remontant sur cent trente-cinq ans, cette œuvre respectable continuait et, dans une de ses applications les plus remarquables, elle donna naissance à l'École municipale de musique.
On savait à cette époque que la meilleure façon d'assurer l'avenir, c’était de faire converger tous les regards vers la jeunesse, de jeter les bases d’un enseignement véritable de la musique prolongeant la simple initiation dispensée par l’Ecole publique.
Tous les défenseurs de l'Art musical, en accord avec les élus locaux, savaient que cela passait par la création d’une Ecole Municipale de Musique, dans la perspective de recruter de jeunes instrumentistes susceptibles d’apporter par la suite un sang nouveau aux formations musicales locales et notamment à La Seynoise.
Nous l'avons dit au chapitre VIII, son existence remonte à 1965, en ce qui concerne les formalités administratives, car ce ne fut qu'au dernier trimestre de cette année scolaire 1965-1966 qu'elle put fonctionner dans les conditions prévues.
En fin d'année 1968, près de trois cents élèves étaient enseignés en solfège, par trois professeurs. Une classe de piano était ouverte, où exerçait Mademoiselle Michel tandis que Monsieur Clément enseignait la clarinette et le saxophone.
En 1969 fut ouverte une classe de violon confiée à Mademoiselle Bojaruniec et une classe de flûte dont Monsieur Destremau eut la charge. En janvier 1970, à la demande de certaines familles, la classe de basson fut ouverte avec Monsieur Rives que remplaça deux ans plus tard Monsieur Gay.
Pour nous résumer, en quatre ans, le nombre de professeurs fut multiplié par sept et celui des disciplines enseignées par huit.
Mais des besoins nouveaux apparaissaient et les parents d'élèves demandèrent que soient créées d'autres classes d'instruments. Monsieur Faure fut appelé pour ouvrir une classe de violoncelle et Monsieur Guigou vint en renfort enseigner le cor d'harmonie. S'ajouta à ces matières une activité de musique active pour les jeunes à partir de sept ans qui furent initiés à la formation musicale à l'aide de petits instruments à percussion comme le xylophone, le tambourin, le triangle, les maracas, les claves, etc..
Et l'École Municipale de Musique dont la réputation s'étendait de jour en jour poursuivait son ascension.
Ses élèves qui gravirent un à un avec l'impétuosité de leur jeunesse les échelons de leur carrière d'instrumentistes en vinrent rapidement à décrocher des prix de conservatoires. Ils retrouvèrent parfois l'institution qui les avait formés et dans laquelle ils furent appelés à exercer en qualité de professeur, cette fois. Ce fut le cas en 1979 de Monsieur Fiol qui, en remplacement de Monsieur Clément, fut nommé professeur de clarinette. D'autres exemples suivirent car la Municipalité ne perdait pas de vue en créant des disciplines nouvelles qu'il fallait parer aux défections inévitables. Des centaines d'inscriptions à l'École de Musique ne donnent pas hélas ! des centaines de musiciens. Entre les classes de solfège et les classes d'instruments, il y a des défections bien compréhensibles devant les difficultés réelles de l'apprentissage du solfège. Il y a aussi le cas de ceux qui ont surestimé leurs possibilités et s'avèrent réfractaires à cette discipline.
C'est que deux, voire même trois années sont nécessaires pour former de bons instrumentistes. Et puis, une fois commencée la pratique d'un instrument, il faut sans cesse « sur le métier remettre son ouvrage ». Et quel que soit l'instrument choisi, la formation de base doit être des plus solides.
Tous les spécialistes de l'Art musical s'accordent pour le dire : sans la connaissance approfondie du solfège, il est impossible à des élèves musiciens d'aborder l'étude des grandes partitions. Certes, on peut toujours critiquer tel ou tel professeur sur sa méthode d'enseigner, ses techniques pédagogiques - des esprits chagrins ont bien accusé les enseignants de l'École Municipale de Musique d'user de procédés désuets, conservateurs et d'appliquer une discipline trop stricte. Il est vrai que les méthodes d'enseignement peuvent varier et qu'elles ne valent que par le savoir-faire du professeur.
Néanmoins, pour obtenir des instrumentistes une bonne discipline est indispensable. Sans elle l'enseignement n'est pas possible, mais par surcroît, dans une formation musicale comme dans toute activité dont le succès dépend de l'effort harmonisé de chacun, sans une discipline stricte, on va vers un abominable fiasco !
Nous ne sommes plus au temps de la férule dont les coups pleuvaient sur les doigts tendus. Nous ne sommes plus à l'époque où l'élève était agoni d'épithètes peu agréables, voire d'insultes grossières. Mais de là à condamner par principe toute discipline, il y a un grand pas. Elle doit être intelligemment appliquée et c'est aller dans le sens contraire du libre épanouissement derrière lequel on se cache que de laisser des enfants sans garde-fous moraux, sans référents pour étayer leur personnalité en formation.
À ce titre également, l'apprentissage de la Musique est salutaire.
D'ailleurs, c'est sans doute pour cela que nous avons assisté à La Seyne à un véritable renouveau musical depuis la création de l'École Municipale de Musique. Et si tout cela a pu être possible, c'est bien grâce à La Seynoise qui ne fut plus isolée dans l'exercice de sa mission. Elle n'avait pas de concurrente directe, mais son exemple, son action persévérante et efficace avait engendré des satellites dont nous allons évoquer la naissance, le fonctionnement et le rôle.
L'Avenir Seynois ayant pratiquement disparu depuis la fin des années 50, notre Philharmonique s’était retrouvée bien seule dans la poursuite de sa tâche. Et si elle y est parvenue, c'est bien par la pugnacité de ses Présidents, de ses Chefs de Musique, de ses sociétaires et de ses musiciens qui ont multiplié les initiatives sans jamais se laisser aller au découragement. Ajoutons que cette volonté ferme a rencontré en temps opportun la compréhension d'élus municipaux qui ont accepté de consentir des efforts financiers considérables pour la création d'un véritable enseignement musical.
C'est au crédit des mélomanes, des musiciens et des élus qu'il faut porter la perpétuation de cette œuvre admirable commencée cent quarante ans auparavant par le Seynois Marius Gaudemard.
Il fut un temps où les adversaires de la Municipalité qualifièrent de somptuaires les dépenses consacrées à la défense de l'Art musical - il est vrai que ceux-là ne grimaçaient pas en entendant dire que l'apprentissage de la Musique était réservé à une élite sociale assez nantie pour payer des cours privés. D'ailleurs, pour eux, la Musique n'était qu'un faire-valoir social et peu leur importaient les joies qu'elle procurait aux mélomanes et aux musiciens.
Mais il n'est pas inutile de rappeler quelques chiffres extraits du budget de la ville au début des années 1980. Ils sont éloquents et ne craignent pas les comparaisons avec des villes d'égale importance à la nôtre. Dans le budget pour l'année 1982, nous relevons par exemple les dépenses suivantes afférentes à l'École Municipale de Musique.
Les fournitures scolaires, le matériel de bureau, les bourses et prix distribués aux élèves et les indemnités diverses s'élèvent à 8 060,80 Frs. Les dépenses en personnel représentent la somme de 563 196,28 Frs. Pour la quote-part de frais d'administration générale, la Ville a déboursé 114 939,18 Frs, ce qui fait un total général de 686 196,31 Frs à quoi s'ajoute une dépense en investissement de 34 342,00 Frs pour achat d'instruments de musique.
La Municipalité engageait donc à l’époque quelque soixante-douze millions de centimes par an pour permettre à nos enfants de s'initier à un des aspects les plus attractifs de notre patrimoine universel. Que n’aurait-elle pas fait si elle avait seulement disposé du dixième des sommes investies pour fabriquer des armes ou servant à spéculer au détriment de toute morale et de tout sens national et humain... ?
L'assise sur laquelle reposait l'École de Musique, le roc sur lequel elle fut bâtie, c'était d'une part la masse des mélomanes seynois et d'autre part les parents d'élèves. Ainsi avaient pu naître des structures d’une réelle valeur artistique dont nous allons maintenant parler.
L'orchestre symphonique des jeunes
Émanation directe de l'École municipale de Musique, cet ensemble musical est composé d'une cinquantaine d'exécutants, garçons et filles, sous la direction de Jean Arèse. Il est capable d'interpréter les plus grandes œuvres du répertoire classique.
Faire fonctionner une telle formation alors que ses exécutants sont des enfants et qu'ils ne restent qu'un temps relativement court dans ses rangs relève du tour de force. Il faut dire qu'elle accueille sans cesse des éléments nouveaux tandis que les plus chevronnés quittent la commune au hasard de leurs études ou de la carrière professionnelle de leurs parents.
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À cette époque, l’Orchestre symphonique des jeunes donna des spectacles de très haute qualité au profit de la population seynoise. La Salle des Fêtes de l'Hôtel de Ville était le lieu privilégié où se rassemblait un auditoire qui ne ménageait jamais son enthousiasme ni ses applaudissements. En 1978, la Municipalité loua le Cinéma A.B.C. qui devint la « salle municipale Guillaume Apollinaire » où eurent lieu, entre autres, de brillants concerts de nos jeunes musiciens. À la belle saison, il arriva fréquemment que la zone piétonne fut animée par nos artistes en herbe et au point de rencontre des rues Cyrus Hugues, Carvin et du cours Louis Blanc - noms de lutteurs immortalisés par leurs combats pour la Liberté. Les plus anciens de nos concitoyens furent très émus de pouvoir applaudir ces jeunes artistes car ils évoquaient le spectacle de leur enfance qui se déroulait en cet endroit. Suivant les époques, on pouvait alors voir le montreur d'ours qui faisait danser sa bête soigneusement muselée et enchaînée au son d'une grossière flûte et d'un tambourin. Ou alors, la viole actionnée par une manivelle qui noyait le centre-ville sous d'interminables rengaines… Et des bohémiennes, juchées sur des échasses, jetant des regards haineux et des moues de mépris aux passants qu'elles trouvaient insuffisamment prodigues lorsqu'elles faisaient la tenche (la quête).
Et qui ne se souvient, dans les années 1920, de ce violoneux qui accompagnait un chanteur hurlant Ramona ou Nuit de Chine tout en s'efforçant de vendre le texte de ses chansons. D'autres fois, ce fut simplement La Seynoise qui vint en grande pompe donner des concerts au bas du Cours avant que soit construit le kiosque de la place Ledru-Rollin.
C'est sans doute pour marquer la continuité de la vie seynoise que nos musiciens d’aujourd'hui vont parfois dans les foyers d'anciens, à « Ambroise Croizat » à La Seyne, aux « Pins Bleus » à Saint-Mandrier, ou à la « Fondation Lelièvre » de Six-Fours, apporter quelques heures de bonheur aux personnes âgées dont les yeux s'humectent d'une légitime émotion.
Par la Musique, les jeunes étaient aussi sensibilisés aux causes humanitaires : n'avaient-ils pas offert des concerts au profit de la lutte contre le cancer ? Et lorsqu'ils vinrent offrir l'aubade aux personnalités reçues en l'Hôtel de Ville, ils furent confrontés aux relations internationales ou aux cérémonies officielles qui leur donnaient la notion de la vie publique.
Notre cité n’était pas perdante : la réputation de la formation avait dépassé les frontières de la commune. Chaque année, le public remplissait la vieille Collégiale de Six-Fours pour le Concert aux Chandelles début juillet. Elle se produisait aussi à l'Escaillon, à Toulon, à Saint-Mandrier, à Bandol, à Signes ou à Porquerolles. Il lui arriva même de jouer sous les voûtes imposantes de l'Abbaye du Thoronet.
En cela, elle était bien dans la tradition de son aînée La Seynoise qui, des années durant, avait porté les joies de l'Art musical dans tout le département.
La relève paraissait alors assurée. Mânes de nos Présidents, de nos musiciens, de nos chefs d'orchestres défunts, vous pouviez dormir en paix. Le bon grain que vous aviez semé levait à souhait et l'on pouvait croire que les fruits passeraient la promesse des fleurs.
De plus, ces succès ne cachaient pas le rôle éducatif d'une telle initiative. Certes nos jeunes musiciens avaient eu les honneurs de la radio et de la télévision, mais les médias modernes avaient aussi servi de support à une action pédagogique de masse lorsque, le Directeur Jean Arèse rassembla dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville six cents élèves des classes primaires de cours moyen pour montrer des films ayant trait à la musique. Il y a fort à parier qu'à cette occasion des vocations s’étaient éveillées.
Et pour clore cet aperçu sur une réalisation dont nous pouvions, Seynois, être fiers, rappelons que les nouveaux venus n'avaient pas honte d'honorer leur aînée La Seynoise dont ils étoffaient les rangs lorsque l’on célébrait sous sa bannière les fêtes nationales du 14 juillet, du 8 mai ou du 11 novembre.
Mais tout cela n’aurait pas été possible sans une autre structure qui servit de trait d'union entre l'École et les familles, entre les professeurs et les élèves et que nous allons maintenant présenter.
L'Amicale de l'École Municipale de Musique
Sous la direction habile et souriante de Madame Féral, elle était forte de plusieurs centaines de membres et se proposait d'aider, de soutenir dans sa tâche l'École Municipale de Musique.
Elle permit ainsi le renforcement des liens d'amitié entre adhérents d'une part et entre parents et professeurs d'autre part. Mais elle se proposait et y parvint mieux chaque année, de populariser l'amour de la musique, soit en organisant des séances de films musicaux comme Les Confidences d'un piano ou Les Cuivres à la voix d'or, soit en organisant des sorties au théâtre de Toulon pour la présentation d'œuvres lyriques. Cela ne l'empêchait pas d'organiser par ailleurs des journées de détente au cours desquelles les membres de l'Amicale participaient à des jeux et des manifestations diverses : rallye pédestre, jeux de pistes, jeux de boules, etc.
Cette dynamique association inscrivit à son actif la parution de deux disques 33 tours qui diffusèrent bien au-delà de notre commune les plus beaux morceaux du répertoire de l'École Municipale de Musique et de la Chorale dont nous reparlerons plus loin. Les produits de la vente de ce disque permirent à l'Amicale - et ce fut là une de ses réalisations les plus méritoires - de créer une bourse d'aide à des élèves méritant de poursuivre des études poussées au cours de stages organisés par la Confédération Musicale de France.
Mais nous avons parlé de la Chorale, quelle était-elle ?
La Chorale de l'École Municipale de Musique
Ce fut une autre innovation dont la création remontait à 1972. Cette formation se composait d'une quarantaine d'adultes, hommes et femmes, qui aimaient se retrouver pour le plaisir de chanter comme le faisaient nos orphéonistes d'antan. On ne leur demandait pas de formation musicale spéciale, l'essentiel étant pour ces gens de bonne volonté qui prêtaient ainsi leur voix pour leur plaisir, de contribuer à répandre la beauté de l'art vocal autour d'eux. Avec cette Chorale, n'avons-nous pas réellement assisté à un renouveau musical et vocal si l'on se rappelle que L'Orphéon des Flâneurs, héritier de L'orphéon Gaudemard avait disparu depuis le début du XXe siècle ?
Sous la direction de Monsieur Destremau, cette Chorale interpréta des œuvres diverses, anciennes ou modernes, des airs de musique folklorique française ou étrangère en se faisant souvent accompagner par l'Orchestre symphonique des jeunes.
On dit que l'Histoire est un éternel recommencement, ce qui relève d'un esprit superficiel car si les conditions semblent identiques pour la renaissance de l'art vocal, un point essentiel nous différencie de la situation des premiers orphéons : la présence de femmes.
Du temps de Marius Gaudemard, les femmes n'étaient pas admises dans les chorales. C'était contraire aux mœurs. D'ailleurs, à cette époque, il était impensable qu'une femme enseigne dans une école de garçons.
Dans nos formations contemporaines, l'élément féminin devient au contraire prédominant. Il faut s'acharner pour recruter des hommes. Il est vrai que, pour ces derniers, les tentations de dispersion sont énormes, tant dans les secteurs associatifs que politiques ou syndicaux. Autant de sollicitations inconnues du temps de Marius Gaudemard.
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L'Ensemble de Musique de Chambre
C'est encore à Jean Arèse que nous devons la création, en 1981, de cette autre formation.
Il s'agit là d'une forme d'expression musicale française qui prend ses origines dans les coutumes en vigueur à la Cour des Rois de France au XVIIe siècle.
En ces temps existaient trois corps de musiciens attachés au service du Roi : celui de la Chapelle qui exécutait une musique religieuse, celui de l'Écurie, pour des airs de plein air et celui de la Chambre qui donnait des concerts dans les salons du souverain attenant à son appartement particulier et que l'on nommait précisément La Chambre.
Les partitions jouées ont ce caractère intime qui demande un nombre restreint de musiciens. Ces derniers sont des exécutants jouant principalement d'instruments à cordes sous forme de quatuors, de trios ou de quintettes.
Notre Ensemble de Musique de Chambre était composé d’une quinzaine de musiciens choisis parmi les anciens élèves parvenus à un degré élevé d'instruction musicale les autorisant à jouer des morceaux demandant une grande maîtrise de l'instrument. D'autant que les sonorités du hautbois ou du basson venaient parfois se marier à celles du violon, contrebasse et violoncelle.
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L'Ensemble s'est ainsi produit avec un franc succès à La Seyne, Saint-Mandrier, Le Revest, Le Brusc, etc., ce qui donna une excellente réputation à notre École Municipale.
Mais les enfants n’étaient pas les seuls à bénéficier d'initiatives semblables et nous en voulons pour preuve la naissance en janvier 1981 du Variété Jazz Orchestra.
Appelé aussi Big Band Seynois, il dut le jour à l'initiative de Claude Davide, musicien passionné, amoureux de sa ville. Il fut par la suite animé successivement par Guy David, Didier Huot, et Serge Arèse.
On sait que le jazz, né dans la communauté noire américaine, a gagné rapidement ses lettres de noblesse au point de devenir un langage universel. Il a transmis au langage courant des expressions comme faire chorus. Son évolution a abouti à la naissance de genres comme le Free-jazz, le Jazz-rock, le New-Orleans, etc.
La Seyne est depuis des lustres un haut lieu du jazz puisqu'elle a donné au monde musical de brillants instrumentistes comme Pierre Sim qui accompagna longtemps les grands de la chanson (Aznavour, Brel,...). Dans les années 1980, les amateurs se régalèrent régulièrement des programmes proposés par le Service culturel et l'O.M.C.A. qui accueillaient les musiciens français parmi les plus grands : Michel Petrucciani, Aldo Romano, Didier Lockwood, André Jaume, Didier Levallet et bien d'autres.
Notre formation seynoise pratiquait un jazz pour grande formation influencé par le chef d'orchestre américain Count Basie. Mais elle ne négligeait pas les partitions de musique de variété pour le plus grand plaisir de ses auditeurs.
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Toutes ces formations qui œuvraient chacune dans son secteur avaient rarement l'occasion de se produire ensemble. C'est pourtant ce qui s'est passé les 8 et 9 mai 1982 et les nombreux Seynois qui furent témoins de cet événement ne sont pas près de l'oublier.
Des journées exceptionnelles : les 8 et 9 mai 1982
Au regard de ce que nous avons évoqué, ces journées furent, à plus d'un titre, exemplaires.
Il y eut un temps où dans notre cité l'Art musical avait de nombreux et ardents défenseurs qui formèrent plusieurs sociétés musicales. Nous ne reviendrons pas là-dessus. Simplement, assez rapidement naquit entre diverses formations un climat malsain de zizanie ce qui, en fin de compte, causa du tort à tous les protagonistes.
Mais à partir des années 1975, avec Étienne Jouvenceau à la présidence de La Seynoise, et avec Jean Arèse comme Chef de musique de La Seynoise et directeur de l’École Municipale de Musique, ce qui faisait chaud au cœur, c'était de voir la bonne entente qui régnait entre toutes les composantes de cette grande famille des musiciens seynois. Cette bonne entente, qui se manifestait par une entraide mutuelle, fut concrétisée lors de ces deux journées de mai 1982 qu'il convient maintenant de vous narrer.
La Fédération Musicale du Var avait demandé à notre Philharmonique de préparer son congrès départemental dans notre cité. Le Conseil d'Administration de La Seynoise jugea bon d'en fixer la date le dimanche 9 mai. Cette date coïncidait presque avec la célébration de la fête nationale, anniversaire de la chute du nazisme. D’ailleurs, après avoir été abandonnée, la célébration de cette date importante venait d'être officiellement reconnue et les Français allaient donc célébrer dignement leur victoire sur la barbarie hitlérienne.
Ce 8 mai 1982 mit la population en liesse. Une manifestation patriotique d'une ampleur inaccoutumée avait, le matin, rassemblé une foule importante. Comme il se devait, la Musique était là. La Clique de L'Union Sportive ouvrait la marche devant les drapeaux de toutes les associations d'Anciens combattants dont il est bon de souligner les liens solides de camaraderie qui les unissent de longue date.
Le long cortège, parti du rond-point du Huit-Mai, parcourut l'avenue Gambetta, la rue Hoche, le quai Saturnin Fabre, le quai Gabriel Péri, le môle de la Paix, pour venir rendre hommage devant le monument érigé en leur mémoire, à tous les Morts des deux guerres, aux enfants de La Seyne tombés outre-mer dans les guerres coloniales qui coûtèrent cher aux Français, à tous ceux qui virent leur existence brisée par la folie meurtrière de quelques dirigeants mégalomanes.
Notre Orchestre symphonique de jeunes exécuta alors une Marseillaise qui n'eut que plus de valeur en sortant des instruments joués par des enfants et des adolescents.
Puis, eurent lieu des réjouissances populaires dont nous ne retiendrons que celle qui eut lieu le soir même à la salle Maurice Baquet.
À l'affiche, cent soixante-dix musiciens seynois, un concert. Cinq formations :
Ce concert était gratuit.
Les jours précédents, le Président Jouvenceau avait annoncé dans un éditorial qu'en raison de la célébration de la fête nationale et de la tenue à La Seyne du congrès de la Fédération Musicale et Orphéonique du Var, une soirée exceptionnelle serait offerte à la population. Il précisait :
« Rassembler en une soirée 170 musiciens du terroir, c'est un pari que la Seynoise et l'École Municipale ont voulu tenir ».
Monsieur le Maire Maurice Blanc, dont on sait qu'il fut musicien à ses moments de détente, écrivait de son côté en s'adressant à ses administrés :
« ... Ce soir, le Maire de La Seyne est un homme heureux. Heureux et, pourquoi ne pas l'avouer ? fier de cette activité musicale dans la ville qu'il administre.
... Réunir 170 exécutants représentant cinq disciplines différentes, interpréter des œuvres de haut niveau, était une gageure. Nos musiciens l'ont tenue, je les en félicite.
... Les efforts constants de cette Municipalité en faveur de la Culture et notamment de la Musique reçoivent ce soir une magnifique récompense.
... Connaissant les formations qui l'animent, je suis sûr que ce concert exceptionnel par sa densité le sera aussi par la qualité. Je souhaite que vous partagiez avec moi, tout le plaisir que j'aurai à les écouter ».
Et ce fut vrai. Le concert fut un triomphe. Pour accueillir le Président de la Confédération Nationale des Musiques de France, Monsieur Ameller, un personnage qui vit souvent dans les brumes du Nord, on avait jugé bon de lui faire entendre l'ouverture de Mireille de Gounod.
Ce fut donc La Seynoise, sous la direction de Jean Arèse, qui ouvrit ce concert, l'exécution ayant beaucoup impressionné le Président national. Puis, alternativement, chaque formation apporta les preuves de son talent. Ce fut un régal pour les mélomanes, même les plus exigeants, et des acclamations interminables saluaient la fin de chaque morceau.
Au cours de la première partie du concert, l'Orchestre symphonique des jeunes se distingua particulièrement avec la Symphonie des Jouets. L'Ensemble de Musique de Chambre, avec son Concerto en la mineur pour basson de Vivaldi, offrit l'occasion à Olivier Féral, soliste, de donner la pleine mesure de son talent. La Chorale produisit six morceaux de son répertoire dont Joli mois de mai qui était de circonstance.
Le Variété Jazz Orchestra fut pour beaucoup de nos concitoyens une révélation.
Durant la seconde partie de la soirée, très étoffée elle aussi, chaque formation eut l'occasion de donner le meilleur d'elle-même.
La Seynoise, avec un Thème et variation pour clarinette fut l'occasion pour Alain Bonifacio de montrer son talent remarquable. L'Orchestre symphonique des jeunes et la Chorale donnèrent Le Beau Danube Bleu de Strauss et Le Chœur des Esclaves de l'Opéra Nabucco de Giuseppe Verdi. Un autre virtuose du basson, Serge Féral se distingua dans un concerto de Haendel et Jean-Marc Soro fut longuement applaudi dans un concerto de Vivaldi.
Avant le final, la formation de jazz donna trois morceaux, puis vint l'apothéose, avec les morceaux d'ensemble sous la direction de Jean Arèse. Ce fut bien émouvant d'entendre successivement Quand le soleil est de la fête et La Marche pontificale de Gounod.
C'est dans un grand enthousiasme que se termina le concert. Monsieur Ameller, Président national des Musiques de France était comblé. Mais il faut bien dire aussi que de nombreux Seynois et Seynoises ne soupçonnaient pas jusqu'à cette soirée, la capacité d'organisation et le grand talent de nos musiciens. En cette soirée du 8 mai, vingt-trois morceaux furent donnés, pris dans le répertoire des plus grands musiciens de tous les temps.
Le lendemain se tenait le Congrès annuel de la Fédération Musicale du Var (F.M.V.), autrefois Fédération Musicale et Orphéonique du Var (F.M.O.V.), avant que les Orphéons ne disparaissent.
Ce congrès se tenait à La Seyne car chaque année, c'est une ville différente qui le reçoit afin de ne pas pénaliser les participants venant des villages les plus retirés du département. Cela permet en outre de mieux faire connaître dans le Var, les activités du mouvement musical et de renforcer les liens d'amitié entre les musiciens et les populations qui les accueillent.
Ce fut dans la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville que Monsieur le Maire ouvrit le congrès par un discours brillant, empreint de ses sentiments d'amour et de respect pour l'Art musical.
Monsieur Ameller, dont on lira plus loin les impressions sur son passage à La Seyne, représentait la Confédération Musicale de France.
Vingt-neuf sociétés avaient répondu à l'invitation du congrès, sur les quarante-deux existant dans le département. Autrement dit, un tiers des sociétés manquait à l'appel. Depuis, le cri d'alarme lancé par le Président Berthé et dont nous avons publié le texte au chapitre VIII, on pouvait constater que la désaffection qui minait déjà, vingt-cinq ans auparavant, le mouvement musical, s'était encore accentuée. À ce moment-là, on dénombrait cinquante-deux formations musicales dans le Var.
Nous n'entrerons pas dans le détail des interventions faites lors de ce congrès, mais il convient d'insister sur ce que dit Monsieur Ameller car il porta un regard expert doublé d'un œil neuf sur ces manifestations.
Il déclara en toute franchise, qu'il ne s'attendait pas, en
venant à La Seyne, à trouver des formations musicales
d'un tel niveau. Quelques jours plus tard, dans le journal de la Confédération Musicale de France, organe mensuel, il s'exprimait en ces termes à propos du concert du huit mai :
« Au début de mai, j'ai été l'invité de la Fédération du Var à son congrès qui s'est tenu à La Seyne sur mer, commune située près de Toulon, avec ses Chantiers navals, son ravissant port de plaisance à l'intérieur de la cité, et, sur ce port même, l'Hôtel de Ville où se déroulait le congrès.Ce qui m'a grandement frappé, ce sont les efforts qui sont faits à La Seyne pour la Musique et la démonstration en fut extraordinaire. Une modeste école de Musique fréquentée par environ trois cents élèves et que dirige un animateur hors pair, Jean Arèse, dont le souci majeur est d'équilibrer dans son école les instruments de la palette orchestrale en conseillant et l'on est étonné de voir un orchestre de jeunes dont les éléments n'ont pas vingt ans, où tous les pupitres, je dis bien tous, sont complets.
Trois hautbois, trois bassons, altos, violoncelles, contrebasse et bien-sûr les autres instruments composent cet orchestre de 50 jeunes musiciens, filles et garçons, et avec les plus mûrs a été formé un petit orchestre de chambre. Il accompagnait les trois solistes : guitare, hautbois et basson qui se produisirent dans les œuvres classiques.
Ce sont de jeunes professeurs de l'École en possession d'un beau talent. Un chœur mixte d'environ cent personnes s'est fait entendre, ainsi qu'une harmonie où anciens et jeunes se mêlèrent harmonieusement.
Une formation jazz composée aussi de jeunes et moins jeunes, pleine de vie et de qualité fut dirigée par Claude Davide.
Je me suis intéressé à l'école dont les classes de hautbois, de basson, cor, alto, violoncelle et contrebasse, comprennent de six à douze élèves. Les classes de violon sont très étoffées.
Bien sûr, la foi fait beaucoup, mais aussi la persévérance, et lorsque j'entends dire : « Oh ! chez nous, la jeunesse a tellement de loisirs qu'elle se désintéresse de la musique ». Eh bien ! ceci est faux car un pays ensoleillé, avec la mer où plus qu'ailleurs les jeunes ont mille occasions diverses de se distraire ne les empêche pas de faire de la musique.
Oui, c'est possible, mais pour cela il faut un véritable animateur qui sache créer autour de lui une ambiance, une amitié, une émulation afin que les buts fixés soient atteints.
Voilà ce qui m'a inspiré ces réflexions, ô combien réconfortantes et encourageantes.
Il faut que l'on s'en pénètre et je voudrais ajouter qu'il y a plusieurs manières de faire son devoir au service de tous. Mais il faut, certes, y ajouter jugeote et réflexion !
Diriger sans amour de le faire est une chose délicate. Nos jeunes sont avides de savoir et leur bon sens aidant, ils acceptent toujours de judicieux conseils.
Le concert devait se terminer par une œuvre composée pour la circonstance dévoué par le chef des chœurs, Monsieur Destremau avec la participation de tous les ensembles.
C'est une œuvre agréable et équilibrée qui devait enthousiasmer l'auditoire conquis. Que tous soient félicités. Notre grande confédération est fière d'une telle réalisation ! ».
André AMELLER
Voilà
donc un témoignage d'importance puisqu'il émane du
responsable au plus haut niveau des musiques de France. Toutes les
fédérations musicales, qui sont au nombre de
quarante-neuf, regroupant six mille écoles et
sociétés musicales, où se rassemblent
quelque six cent mille musiciens savent maintenant par le
truchement de leur journal de liaison la place honorable que nos
musiciens occupent au plan régional et même national.
Notre commune a gagné la réputation d'une ville où l'on soutient, où l'on défend la Culture et les Arts. Ce qui a toujours permis aux civilisations éteintes de parvenir jusqu'à nous, c'est l'expression artistique qu'elles ont permise du temps de leur apogée. Cette expression n'eut de richesse et de pérennité que par la convergence d'initiatives similaires à celles que nos Élus seynois et les associations à vocations culturelles développent dans notre cité.
Sur le plan musical, notre population peut être fière des enfants de la vieille Philharmonique qui ont su, par leur ténacité et leur grand talent, renverser une tendance funeste et continuer en l'amplifiant une tradition vieille de maintenant un siècle et demi. Elle peut être fière aussi des professeurs et des dirigeants qui s'évertuent et s'évertueront toujours à mieux faire, à gagner un public toujours nouveau sans ménager ni leur temps ni leur peine.
Et c'est bien parce qu'à la Libération, les Seynois ont eu la sagesse de se doter de l'équipe municipale capable d'entamer et de soutenir un effort considérable pour faire de notre ville, à bien des égards, un exemple que tout cela a été possible. Elle sait aussi que la Municipalité actuelle, conduite par Maurice Blanc, continuera sur la même voie en diversifiant l'enseignement de la Musique.
Demain, peut-être verrons-nous entrer les synthétiseurs de son, les moyens modernes proposés par la technique et qui ne sont que des moyens mis au service d'un savoir. Demain, aurons-nous peut-être la joie d'inaugurer une structure neuve, un bel auditorium hébergeant un véritable Conservatoire.
Nous avons cent cinquante ans d'histoire et devant nous, un avenir plein de promesses et d'espoir.
Vers un Conservatoire Municipal de Musique ?
Devant un tel développement de l'École Municipale de Musique, devant l'afflux des demandes, dont certaines ne pouvaient être satisfaites, la question se posait déjà au début des années 1980.
En effet, l'École Municipale de Musique, dispensait alors quatre-vingt-dix heures de cours hebdomadaire et fonctionnait dans plusieurs écoles primaires : Léo Lagrange, Émile Malsert, Jules Verne, Ernest Renan, Jean-Baptiste Martini et Jean-Baptiste Coste, ainsi que dans les locaux de La Seynoise. Cela signifie que les cours ne pouvaient avoir lieu qu'après les heures de classe, ce qui occasionnait une perturbation non négligeable pour l'entretien des locaux scolaires.
Là n’était pas l'inconvénient majeur. La dispersion des lieux d'enseignement, par contre, gênait bien évidemment le fonctionnement de l'École et le Directeur avait bien du mal à exercer une coordination valable. De plus, les professeurs, astreints à des va-et-vient incessants, perdaient beaucoup de leur temps en déplacements, surtout à des heures où les routes sont particulièrement encombrées.,
Par ailleurs, les locaux scolaires n’étaient pas adaptés à l'Enseignement de la Musique et tous les gens concernés : élèves, parents, mélomanes, enseignants et élus municipaux en étaient parfaitement conscients.
Nous savions que Monsieur le Maire et son Conseil municipal souhaitaient régler ce problème important le plus tôt possible en mettant à l’étude la création d'un Conservatoire Municipal de Musique, bien que les urgences à satisfaire dans une ville en pleine expansion étaient nombreuses et coûteuses.
À l'Amicale de l'École de Musique, on en parlait souvent et l'on se plaisait à imaginer ce superbe bâtiment qui pourrait accueillir tous les Seynois désireux de recevoir un enseignement musical. On l'imaginait avec un grand hall d'accueil qui donnerait accès à un bel auditorium dont l'acoustique parfaite permettrait de recevoir des formations musicales dans les meilleures conditions possibles pour le public. Et puis une kyrielle de salles d'enseignement, chacune avec des affectations particulières et des équipements adaptés.
Mais on gardait tout de même à l'esprit que tout cela demandait des investissements importants dont la Ville seule n'avait pas les capacités.
D'autant qu'il aurait fallu élargir le nombre de classes d'instruments, les professeurs de l'École Municipale de Musique souhaitant orienter leurs élèves les plus doués vers la pratique d'instruments délaissés comme la harpe, le cor anglais, le trombone à coulisse, etc.
Dans une interview accordée à la presse locale, les professeurs avaient en ces termes formulé leur opinion : « L'École, pour être dans la logique de l'Enseignement musical, doit tout d'abord respecter la personnalité de chaque élève, maintenir l'exigence d'un enseignement musical vrai. Nous ne sommes pas là pour satisfaire les envies du moment qui passe, mais pour former le bon goût et donner un enseignement solide comme il se fait dans les conservatoires ».
Et plus loin : « La musique étant un tout, c'est l'orchestre qui constitue l'image vivante de la musique. Il faut bien que l'école garde le souci de former des musiciens pour chacun des instruments ».
En 1983, Marius Autran écrivait aussi : « Seule une structure importante à la mesure de notre grande ville peut être à même de satisfaire ces besoins légitimes. Est-ce un luxe pour nos Seynois que de disposer d'un tel équipement ? L'ère de la Salle Coupiny où l'on éclairait les partitions à la bougie est bien révolue. Notre ville n'est plus un petit village et sa force a toujours été d'affronter l'avenir avec des armes bien adaptées dont elle a su se doter. N'oublions pas, quitte à se répéter, que l'Art est un pari sur l'avenir, il dépasse en longévité les civilisations qui l'ont porté et en témoigne au travers parfois de millénaires. C'est la logique de production capitaliste qui en a fait un supplément d'âme réservé à une élite désœuvrée. Pour nous, c'est l'affaire de tous, car c'est un inestimable moyen donné à chaque individu de se réaliser et, par cela, d'être utile à la société dans laquelle il occupe toute sa place ».
Et enfin : « Le Conservatoire de Musique de La Seyne verra le jour, c'est indubitable. Il n'est pas excessif de penser qu'il sera une des prochaines réalisations du mandat municipal commencé en 1983. Des achats de terrain ont déjà été réalisés dans ce but et faisons confiance à Maurice Blanc et à nos édiles qui prennent toujours plus au sérieux les problèmes culturels. Et cela ne se fera pas au détriment des besoins en structures sociales, éducatives, sportives que la croissance de notre cité rend indispensables. Malgré les difficultés, malgré les choix douloureux, imposés aux administrateurs par les crédits toujours limités, nous sommes persuadés que l'idée faisant son chemin, une solution sera trouvée ».
Au début de 1983, année où Marius Autran commença la rédaction de la première édition du présent ouvrage, le Conseil d'Administration de La Seynoise est toujours présidé par Étienne Jouvenceau qui assume cette tâche depuis près de dix ans. Le 16 janvier, l'Assemblée générale réunie dans les locaux de la rue Gounod élit la direction suivante :
Sont également nommés Présidents d'Honneur : Messieurs Claude CONTENT, Henri TILLY et Joseph IMBERT.
Le redressement de La Seynoise, commencé sous la présidence d’Alex Peiré à partir de 1968, poursuivi à partir de 1975 par l’action sage et efficace d’Étienne Jouvenceau, est alors remarquable comme en témoignent la multitude d’activités de la Philharmonique et la qualité de ses exécutions musicales (sans commune mesure avec la situation des années 1950-1960).
Au cours de cette décennie 1983-1992, les deux principaux animateurs, Étienne Jouvenceau, le Président, et Jean Arèse, le Chef de Musique, jouissent de la confiance de tous les membres de La Seynoise et d'une population qui les connaît bien et qui les aime.
Les Seynois s’habituent alors au programme régulier des concerts de La Seynoise, ainsi que de sa participation aux cérémonies patriotiques (fini, le tourne-disque que l’on dut utiliser dans les années 1950 pour faire entendre La Marseillaise au Monument aux Morts...). Dorénavant, le programme annuel des activités, sans être immuable, se compose généralement d’un concert de printemps dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville (parfois dans la salle Guillaume Apollinaire ou dans la salle Maurice Baquet) ; d’un concert d’été au bas du Cours (place Laïk) ; d’une participation à la fête de la Musique au Fort Napoléon et du concert traditionnel de la Sainte-Cécile, aux environs du 22 novembre, à la salle des fêtes ; d’un ou deux concerts parfois sur invitation des harmonies de certaines villes voisines comme La Crau, Carqueiranne ou Signes.
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Concert de printemps de 1983 dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville |
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Concert de printemps de 1984 dans la salle Guillaume Apollinaire |
Ces concerts obtiennent régulièrement un immense succès et font presque toujours salle comble. Après chaque concert, il n’est pas de compte-rendu de presse qui ne soit élogieux :
Car ce sont des centaines de coupures de journaux ainsi titrées qui sont précieusement conservées dans les classeurs d’archives de La Seynoise.
Il est donc clair que les programmes retenus correspondent à l’attente de la population seynoise. Celle-ci semble particulièrement apprécier l’association de classique, de moderne, de musiques de films, de morceaux de compositeurs locaux, etc.
Pour la seule période 1983-1987, en 5 ans donc, l’analyse des programmes de concerts, a montré que La Seynoise, avec sa cinquantaine de musiciens sous la direction de Jean Arèse, avait interprété des œuvres de plus de 100 compositeurs différents - et quels compositeurs ! - appartenant à toutes les époques :
- Le XVIIe siècle : Jean-Baptiste Lully, Marc-Antoine Charpentier, Henry Purcell, Giuseppe Maria Jacchini,...
- Le XVIIIe siècle : Antonio Vivaldi, Jean-Joseph Mouret, Jean-Sébastien Bach, Georg Haendel, Christoph von Gluck, Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart, Rouget de Lisle,...
- Le XIXe siècle : Ludwig von Beethoven, Carl Maria von Weber, Gioacchino Rossini, Franz Schubert, Hector Berlioz, Félix Mendelssohn, Robert Schumann, Giuseppe Verdi, Charles Gounod, Franz Abt, Franz von Suppe, Johan Strauss, Léo Delibes, Georges Bizet, Nicolai Rimsky-Korsavov, Gabriel Parès, Louis Ganne,...
- La première partie du XXe siècle : Gustave Charpentier, Claude Debussy, Gabriel Pierné, Jean Sibelius, Isaac Albeniz, Omer Letorey, Maurice Ravel, Reynaldo Hahn, Albert Ketelbey, George Gershwin, Vincent Scotto, Louis Cahuzac, Kenneth Alford, Henry Fillmore, Ralph Benatzky, Glenn Miller, Jacques Ibert, Harry Warren, Ernesto Lecuona, Lev Knipper,...
- La période récente, au cours de laquelle on observe que La Seynoise a joué beaucoup de partitions de compositeurs américains ou anglais : Frederick Loewe, Meredith Willson, Aram Katchatourian, Ronald Binge, Jean Maillot, André Semler-Collery, Ralph Hermann, Richard Maltby, Norman Leyden, Harold L. Walters, Earle Hagen, Sammy Nestico, Georges Barboteu, Maurice Jarre, Ennio Morricone, Les Reed, John Williams, Michel Legrand, Willy Hautvast, John Edmondson, Llano, Claude François, Vladimir Cosma, Saint-Preux, Andrew Poppy, Gordon Mills, Philippe Leroux, Hans-Joachim Rhinow, Alain Morisod, Ary Barroso, Benoît Delbecq, Eric Osterling, Georges Chauvet, Georges Gadenne, J. Raynaud, Jacques Devogel, Jean Sichler, Jerry Nowak, John Darling, Robert Clerisse, Ted Huggens,...
Et il faut encore rajouter à cette liste les noms de nos compositeurs locaux, particulièrement méritants, comme : Marc Carbonnel, Pierre Destremau, Lucien Fascetti, André Guigou, Manuel Lopez, Jacques Raon, François Taliani,...
L’étendue du répertoire de La Seynoise est donc considérable, et certainement beaucoup plus large que celle des harmonies des villes voisines.
Pour cette même époque de l’histoire de La Seynoise, il est également naturel de rendre un hommage particulier au talent et à la maîtrise technique de nos musiciens solistes qui n’ont jamais manqué de déclencher les vibrants applaudissements du public. En particulier, René Aiguier (trombone), Serge Arèse (trompette), Philippe Begni (trompette), Laurent Bignet (trompette), Jérôme Bonifacio (clarinette), Emile Caturegli (trompette), Fabrice Dassie (saxophone), Christian David (trombone), Claude Davide (clarinette), Gisèle David (percussion), Guy David (clarinette, saxophone ténor), Lucien Fascetti (baryton), Alain Féral (hautbois), Olivier Féral (basson), Serge Féral (hautbois), Jean Ferrandino (trombone), René Garbolino (saxophone ténor), Didier Huot (cor), Olivier Labrot (trompette), Olivier Lavabre (saxophone soprano), Frédéric Locarni (trombone, trompette), Fabienne Poulouin (flûte), Philippe Reinaud (trompette), Martial Sestini (hautbois), Patrice Velly (hautbois), Fernand Verrando (trompette),...
Il faut aussi noter que si ces succès (et le régal apporté à la population seynoise) sont à mettre à l’actif de la Philharmonique, ils ont été amplifiés par la participation fréquente aux manifestations de l’Orchestre symphonique des jeunes élèves de l'École de Musique, du Big Band Seynois, de l’Orchestre de musique de chambre, de la Chorale, etc.
Enfin, concernant les cérémonies patriotiques, rappelons que La Seynoise est désormais toujours présente le 8 Mai, le 14 Juillet et le 11 Novembre. Certes, le nombre d’exécutants présents ces jours-là n’est pas toujours aussi élevé qu’on le souhaiterait. C’est en effet une contrainte importante pour beaucoup d’entre eux de se libérer le matin de tous ces jours fériés. Mais le Président et les membres du Bureau ne manquent pas de rappeler régulièrement aux musiciens que leur présence à ces manifestations est extrêmement importante pour l’image que donne la Philharmonique à la Ville et aux autres instances locales et régionales, et ne peut qu’aider à l’attribution des demandes de subventions que l’on sollicite auprès d’elles.
1989 : Année du bicentenaire de la Révolution française
Une très large place avait été faite à la célébration du bicentenaire de la Révolution française lors du concert de printemps, le dimanche 28 mai, à la salle des fêtes. Sous la direction de Jean Arèse, au pupitre bleu-blanc-rouge, les musiciens jouent fort martialement divers airs patriotiques de l’époque, notamment La victoire ou la mort, Le chant du départ, Le chœur des Girondins, Veillons sur l’Empire, La Carmagnole, Ah ! ça ira, Ouverture pour musique militaire de Gossec et Offrande à la liberté.
Autant de morceaux que l’on avait rarement l’occasion d’entendre et ce fut tout à l’honneur de la philharmonique de les avoir longuement préparés pour les offrir aux Seynois. Une Philharmonique très éclectique dans son répertoire, qui après les airs de l’An II et ceux de l’Empire, s’est retrouvée tout aussi à l’aise pour interpréter Ravel, avec Le Boléro, Michel Legrand, Jarre, Lennie Niehaus avec Jazz Mosaïcs.
Une Marseillaise particulièrement bien enlevée fut également chantée en fin de concert par l’excellent baryton Pierre Henri Clavel, longuement applaudi par un public qui garda un excellent souvenir de ce concert. Une Marseillaise destinée aussi à Jean Arèse et René Garbolino, qui reçurent ce jour-là la médaille d’or de la Confédération pour leurs 40 ans d’activités, ainsi qu’à Marius Autran, élevé au grade d’officier des Palmes Académiques, décoration remise par M. Fulpin, Inspecteur primaire.
Malheureusement, 1989 resta une année des plus sombres pour La Seyne, puisque ce fut celle qui vit la fin de notre glorieuse construction navale, drame économique et humain duquel la Ville ne s’est jamais réellement relevée.
Les rapports avec les municipalités
Jamais plus, au cours de cette période de l’histoire de La Seynoise - et l’on ne peut que s’en réjouir - les rapports avec les municipalités n’ont été tendus comme ils le furent à la fin du XIXe siècle sous la présidence de Léon Gay avec le maire François Bernard, ou sous les présidences de Ferdinand Aubert et de Marius Guinchard avec le maire Toussaint Merle. Mais la Philharmonique rencontra cependant diverses difficultés, surtout au début des mandats municipaux, chaque équipe arrivant avec un nouvel adjoint à la culture n’ayant pas toujours la même sensibilité que son prédécesseur ou envisageant une autre politique en matière d’Art musical. D’où parfois quelques « fausses notes » en matière d’attribution des subventions, ou encore de rupture dans les habitudes bien établies en matière d’affectation des salles de concert.
Parmi les épisodes anecdotiques, il nous faut rappeler les difficultés rencontrées en 1990 par La Seynoise pour obtenir une aide de la Ville pour la réparation de la toiture de la salle de la rue Gounod.
A cette époque, il apparaît en effet qu’il pleut régulièrement dans la salle et que la toiture, endommagée par le poids des ans, doit être réparée d’urgence. Mais la Philharmonique ne peut pas, à elle seule, assumer cette indispensable dépense de 150 000 F, et elle sollicite donc la Ville, qui refuse son aide.
L’ouvrage de Marius Autran « 150 ans d’art musical à La Seyne » est alors vendu au profit de la réparation de la toiture (voir paragraphe suivant). Des musiques amies témoignent aussi leur solidarité financière avec La Seynoise. C’est le cas de la Six-Fournaise ainsi que de L’Harmonie de Sète, qui donne un concert exceptionnel le 17 mars 1991 avec don du plateau. La Seynoise propose aussi naturellement un concert de manière à recueillir des dons qui seraient affectés à la réparation de la salle.
Plusieurs articles de journaux de novembre et décembre 1990 titrent alors de façon humoristique :
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Concert pour le toit... (République - Var-Matin, 5 décembre 1990) |
Enfin, pour provoquer volontairement la municipalité de l’époque, La Seynoise lance une souscription publique dans les termes suivants :
Finalement, ce ton, maniant humour et dérision, amena la Municipalité (avec une contribution importante du Conseil général) à accéder à la demande de subvention et permettre de commencer les travaux de réfection du toit. Un effort cependant encore insuffisant puisqu’il fallut déposer de nouvelles demandes exceptionnelles auprès du Conseil général et du Conseil régional au cours des deux années suivantes, et faire appel à diverses formes de solidarité, pour que les travaux puissent être enfin achevés.
Autre anecdote, lors d’une Fête de la Musique, le Fort Napoléon, pourtant réservé par La Seynoise depuis plus d’un an, fut refusé par la Ville à la dernière minute ! Le compte-rendu de l’Assemblée Générale de la Philharmonique relate cet incident de parcours de la manière suivante : « Nous avons dû aller chercher à la lampe électrique un lieu pouvant convenir (éclairage et espace) à notre concert... Nous l’avons enfin trouvé au Parc des Sablettes à une heure déjà avancée de la nuit. La soirée, bien que ventée, a ravi les passants qui furent surpris de nous entendre jouer car aucune annonce n’avait été faite et pour cause... Ils ont eu la gentillesse de nous écouter debout. Nous espérons que leurs applaudissements n’avaient pas pour seul but de se réchauffer... Il est aussi à déplorer que cette année nous n’ayons pas pu associer l’Ecole Municipale de Musique et le School Jazz Ensemble à cette soirée par manque d’organisation totale de la part des services de la Culture... ».
1840-1990 : La Seynoise a 150 ans !
En cette année 1990, La Seynoise fête ses 150 ans d’existence.
Le début de l’année est marqué par l’entrée de deux nouveaux membres dans le Bureau : Gilbert Bouchet, archiviste-adjoint, mais qui deviendra par la suite trésorier ; et Jean Begni, père de plusieurs jeunes musiciens (Guillaume, cor ; Isabelle, pianiste ; Philippe, trompettiste), qui va prendre en mains les relations extérieures de La Seynoise et qui va jouer à ce poste clé un rôle déterminant pendant de nombreuses années. Nous aurons l’occasion d’en reparler. Malheureusement, ce début d’année est endeuillé par la disparition de Jeanne Sicard, fille du trésorier Jean Sicard.
Le Conseil d’administration issu de l’Assemblée générale du 11 février 1990 est alors ainsi constitué :
L’année 1990 se déroule ensuite normalement, avec notamment le concert de printemps à la salle des fêtes et la fête de la Musique au Fort Napoléon, en collaboration avec l’Orchestre des Jeunes de l’Ecole Municipale de Musique et le Junior Jazz Big Band Seynois, sans oublier une participation particulièrement étoffée de La Seynoise à toutes les cérémonies patriotiques de l’année.
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2 décembre 1990 : Clôture des cérémonies du 150e anniversaire de La Seynoise, par le président Étienne Jouvenceau et par Marius Autran, le jour où, précisément, ce dernier célébrait ses 80 ans |
Mais l’évènement majeur de l’année 1990 se déroule du 23 Novembre au 2 Décembre, toute une semaine consacrée à la célébration du 150e anniversaire. Celle-ci s’ouvre le vendredi 23 Novembre par un concert de jazz donné par le Junior Jazz Big Band dans la salle de La Seynoise, rue Gounod. Du lundi 26 au vendredi 30, une exposition intitulée « 150 ans d’art musical », présentée dans la salle de La Seynoise, attire un public nombreux. Cette exposition comporte les principales médailles et diplômes obtenus par la Philharmonique depuis sa création, des portraits, des drapeaux, des instruments, des partitions, des anciens programmes de concerts. Une section philatélique présente aussi de superbes collections de timbres sur le thème de la musique. Des verres à l’effigie de La Seynoise 1840-1990 sont proposés à la vente, ainsi que des porte-clés avec pour motif la Lyre du fronton de la salle Marius Aillaud, rue Gounod. Egalement, toute la semaine, l’ouvrage écrit par Marius Autran, vice-président de La Seynoise : « 150 ans d’art musical à La Seyne » est mis en vente et dédicacé par l’auteur, au profit de l’entretien de la salle Gounod, pour servir particulièrement à la réparation de la toiture (que nous avons longuement évoquée ci-dessus). Le mercredi 28 novembre, Marius Autran donne une conférence sur le thème : La vie de la philharmonique. Le samedi 1er décembre un deuxième concert est donné salle Gounod par l’ensemble de saxophones de l’Ecole Municipale de Musique. Les cérémonies du 150e anniversaire sont enfin clôturées le dimanche 2 Décembre [le jour où, précisément, Marius Autran célébrait ses 80 ans !] par le traditionnel concert de la Sainte-Cécile à la salle des fêtes de l'hôtel de ville, sous la baguette de Jean Arèse. Une journée d’autant plus émouvante que Jean Arèse reçut à son tour de Marius Autran la baguette d’honneur pour ses trente années bénévoles à la tête de la Philharmonique.
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Programme du concert du 150ème anniversaire de La Seynoise |
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